Berner Museumsgeschichten
Bien plus que de la poussière et des tessons
Dans les couloirs du bâtiment administratif du NMB Nouveau Musée Bienne, si l'on entend un rire communicatif ou une voix vive et enjouée, cela provient très certainement du bureau de Ludivine Marquis… Depuis 10 ans déjà, Ludivine travaille au NMB, musée né en 2012 de la fusion du Musée Neuhaus et du Musée Schwab où elle était précédemment active pendant 5 ans. Malgré toutes ces années à Bienne, sa motivation reste inébranlable !
En tant que conservatrice en archéologie, Ludivine voit le musée comme un interface exceptionnel entre la recherche et le grand public. Actuellement, elle prépare avec ses collègues des départements d’histoire, d’art et de la médiation culturelle le deuxième module de la nouvelle exposition permanente du NMB. Après un premier îlot thématique intitulé « Bienne et l’eau » inauguré en janvier dernier, cette nouvelle partie s’intéressera aux langues parlées à Bienne et dans la région, et plus particulièrement à cette fameuse barrière de röstis. Très stimulant, ce nouveau projet donne lieu à des discussions enrichissantes, chacun apportant ses connaissances. Mais c’est également un réel défi de travailler entre collègues de différents horizons dans un effort commun.
Ludivine apprécie beaucoup les rencontres avec d’autres personnes, les collaborations sur de nouveaux projets, les échanges d’idées… Elle n’hésite pas à sortir des sentiers battus, voire même à déstabiliser le public. Ainsi, en 2016, elle monte une exposition présentant des statuettes à l’esthétique préhistoriques réalisées par un artiste contemporain : « Habalukke. Trésors d’une civilisation oubliée ». Dans les salles, visiteuses et visiteurs sont entraînés dans une fiction jamais tout à fait dévoilée…
Et puis, lorsqu’elle prépare une nouvelle exposition, Ludivine déborde d’idées originales sur les activités qui pourraient être proposées parallèlement au public… à tel point que ses collègues doivent parfois un peu la freiner ! L’hiver dernier, en collaboration avec une anthropologue, elle a lancé un atelier d’affiches « pop-archéologiques » ainsi qu’un « salon archéologique » en lien avec une exposition sur les mystérieux croissants d’argile. En 2019, dans le cadre de l’exposition passionnante « Moi homme. Toi femme. Des rôles gravés dans la pierre ? », elle a notamment fait venir son amie « sorcière » au grand chapeau noir qui a ravi les enfants avec ses sprays « anti-vampires » et ses décoctions lors d’une fête d’halloween inoubliable. D’autres rencontres inédites avec des spécialistes de l’égalité des genres, des afro-féministes, des archéologues et historiennes renommées etc. ont aussi eu lieu à cette occasion. On mentionnera également ses participations à des régates internationales avec « sa » pirogue monoxyle « Xyphia » qui l’ont emmenée avec d’autres archéologues sur les sites palafittiques répertoriés au patrimoine mondial de l’Unesco.
Mais Ludivine n’oublie pas les objets archéologiques, leur conservation et leur préservation afin de les mettre en valeur et les transmettre aux générations suivantes. Pour elle, « ce sont les objets qui permettent de créer un lien entre le présent et le passé, entre notre quotidien d’aujourd’hui et le quotidien des populations qui nous ont précédés » et c’est bien la spécificité de l’archéologie que de se baser sur ces objets pour construire des interprétations. En conséquence, Ludivine s’est beaucoup investie pour trouver les fonds nécessaires afin de mettre en ligne toute la collection « Musée Schwab », la collection archéologique de la Ville de Bienne gérée par le NMB. Grâce à la collaboration d’une archéologue, ces 25'000 objets allant du Paléolithique au Haut Moyen Âge sont actuellement inventoriés, décrits et photographiés, l’objectif étant de faciliter leur accès aux chercheuses et chercheurs ainsi qu’au grand public. Encore un projet colossal, mais qui ne freine pas la belle énergie de Ludivine Marquis !